Carnet Rouge

Notes de Vie

16 mars 2005

Les vannes

Ils ont ouvert en grand les vannes et j'ai plongé. J'ai plongé comme pour mourir, je m'en moquais. Ils ont ouvert en grand et j'aurai voulu y aller. Quoi pour me retenir? Des regrets comme des ronces à mes chevilles et à mes pieds. L'amertume si tu savais. Il y en a d'autres qui franchissent des portes que je ne fais que longer. Nous sommes tous exclus quelque part, moi ici, et les portes que je suis seul à ouvrir qu'eux ne voient même pas. Nous sommes tous les pauvres de quelques autres.

Il y avait du soleil, chacun sa part. Et quand ils ont ouvert les vannes j'aurais voulu plonger. Disparaitre parfois, tellement je ne comprend pas, parce que je n'ai jamais su et qu'il est bien tard. De toute cette frénésie je ne sais rien, je ne suis pas, et elle me rentre dedans encore plus fort. Ils ont ouvert les vannes et ce fut comme si c'était mon corps qu'ils ouvraient en deux. On m'a éventré sans rituel, un jour de soleil.

J'aurais voulu plonger mais je n'ai pu qu'agoniser, agoniser d'être et de ne pas être, de n'exister ici que pas assez et trop mal. Ils m'ont ouvert en deux comme une tranchée. Des batailles que jamais on ne gagne, des batailles qu'on ne fait même plus.

Des batailles qui ne sont pas vraiment les miennes. Pourquoi aller mourir à la guerre, moi qui ne sait que plonger. Ils ont ouvert les vannes si tu savais. Ils ont ouvert en grand. Les portes que je suis seul à voir.

Et je mourais d'envie d'y plonger.

thefence_dmitri_girski

                                                                                                     The  fence by Dmitri Girski

Posté par Saint Em à 19:37 - Darkside - Ecrire un billet [1] - Rétroliens [0] - Permalien [#]

Commentaires

Très beau texte, en tout cas moi j'ai beaucoup aimé.

Chris

Posté par Chris, 20 avril 2005 à 21:11



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